Louvre Couture : quand la haute couture entre au musée
En juillet, j’ai eu l’occasion de visiter l’exposition exceptionnelle « Louvre Couture -Objets d’art, objets de mode » à Paris. Cet événement unique rassemblait 99 modèles de haute couture, installés au cœur du musée du Louvre. J’ai pu y admirer des créations signées par de grandes maisons telles que Chanel, Dior, Balenciaga, Givenchy, Galliano, ou encore Yves Saint Laurent, réunies pour l’occasion dans ce cadre prestigieux.
Le contraste entre la modernité des créations et la richesse du patrimoine offrait un regard inédit sur la mode et son histoire.
Début de l’exposition avec une robe courte en soie blanche parsemée de broderies noires Christian Dior -1949
Une mise en scène qui surprend
Ce qui m’a frappée, ce n’est pas seulement la beauté des pièces, mais la façon dont elles étaient présentées. Les mannequins semblaient trouver naturellement leur place dans les salles du musée. Les teintes, la lumière et le décor se répondaient, créant une atmosphère presque théâtrale. Chaque tenue paraissait pensée pour ce lieu précis, comme si elle en faisait partie depuis toujours.
Il y avait une cohérence saisissante entre les modèles et le décor, les couleurs et l’ambiance se coordonnant parfaitement.
Robe en organza de soie brodée et peinte en bleu John Galliano pour la maison Christian Dior (2006-2007), et ensemble Nicolas Ghesquière pour Louis Vuitton (2020-2021)
Les détails qui captivent : la broderie
Je me suis attardée devant certains modèles pour observer de près les broderies qui mettaient si bien en valeur les tissus choisis. Elles révélaient un travail d’une précision incroyable, parfois discret, parfois éclatant, la plupart de ces broderies étant confectionnée par la maison Lesage. J’ai aimé particulièrement admirer la broderie de Lunéville réalisée sur une robe en tulle pour la maison de couture Christian Dior, ou les perles et sequins brodés sur une magnifique veste Chanel. On devine aisément les heures, voire les jours, passés à façonner ces motifs délicats. Cette minutie me rappelle que la haute couture, c’est avant tout l’art du détail et du geste patient.
Veste Karl Lagerfeld pour Chanel (2019), entièrement brodée de sequins et de perles par la maison Lesage
Mes coups de cœur personnels
Parmi toutes ces créations, plusieurs m’ont particulièrement marquée. J’ai adoré tous les modèles Chanel, toujours d’une élégance intemporelle. Parmi eux, la veste brodée dont je vous parlais précédemment, mais aussi un manteau du soir très chic, dont les motifs brodés scintillants rappelaient ceux des paravents laqués de Chine. Mon coup de cœur Chanel a été une robe courte en tweed, mise en valeur par un magnifique collier plastron en plumes, détail que l’on retrouve également au niveau de la ceinture, ce qui en fait un élégant rappel.
Manteau du soir Chanel (1996-1997) par Karl Lagerfeld, habillé de broderies brillantes de la maison Lesage
Robe Karl Lagerfeld pour Chanel (2012-2013), confectionnée en tweed et réhaussée d’un plastron de plumes qui habillent également la ceinture assortie
J’ai aussi été impressionnée par un manteau Marine Serre, cousu en toile de canevas et tapis chinés, inattendu et audacieux, qui montrait une autre facette de la couture. L’originalité de cette pièce et l’utilisation de tissus recyclés m’ont particulièrement plu.
Manteau Marine Serre (2023-2024) en pièces de tissus coupés dans des tapis et canevas chinés
J’ai beaucoup aimé également les modèles Christian Dior, dont la robe en tulle brodé précédemment évoquée, surmontée d’un manteau entièrement brodé de scènes évoquant un jeu de tarot, un subtil mélange entre les influences du Moyen-Age et le monde moderne.
Robe en tulle brodé et manteau de satin et organza brodé Christian Dior, par Maria Grazia Chiuri (2017-2018)
Dans un style totalement différent, une robe courte Alexander McQueen a retenu toute mon attention avec son tissu de soie imprimé de peaux de serpents. Cette robe qui a l’air toute simple de premier abord, présente un très beau volume incroyablement complexe à réaliser sur un tissu tel que la soie. J’ai beaucoup aimé l’imprimé coloré, qui donne un côté exotique et spécifiquement excentrique à ce modèle, l’un des derniers réalisés par le créateur avant sa mort.
Robe de soie imprimée de motifs de peaux de serpents Alexander McQueen (2010)
J’ai eu un coup de cœur également pour une robe Fendi en tulle blanc, brodée de motifs géométriques et tellement originale. Cette robe était parfaitement coordonnée avec le décor du musée.
Robe Fendi (2019-2020) réalisée en tulle blanc brodé de motifs inspirés de la Renaissance
Dans les appartements de Napoléon III, j’ai été en admiration également devant une robe Jean Paul Gaultier en mousseline et dentelle, surmontée d’une robe cage qui rappelle la crinoline, autrefois portée sous les robes pour leur donner volume et structure. Cette robe était magnifique au milieu de ce décor, placée sous un superbe lustre.
Robe Jean Paul Gaultier en mousseline et dentelle rehaussée d’une robe cage (2008-2009)
Non loin de là se trouvait aussi une superbe robe créée par John Galliano pour Christian Dior, impressionnante par son volume de robe de bal, en velours de couleur rouge et bordée de fourrure d’hermine telle une robe de reine.
Robe de velours rouge et moire brodée par John Galliano pour Christian Dior (2004-2005)
Enfin, j’ai été très impressionnée par une robe Giambattista Valli, en tulle de couleur menthe à l’eau pâle, très volumineuse, faisant penser à une robe de mariée. Il a fallu 600 mètres de tulle pour confectionner ce modèle, on imagine aisément le temps passé pour réaliser cet ouvrage.
Robe en tulle de couleur menthe à l’eau, drapé sur une base bustier et froncé en volants millefeuilles, par Giambattista Valli (2018-2019)
Ces pièces m’ont séduite autant par leur allure que par la singularité de leur conception. Chaque modèle a eu son effet de surprise, époustouflant pour ces magnifiques pièces aux détails incroyables, ou au contraire surprenant pour quelques modèles complétement extravagants, loufoques et démesurés.
Une invitation à créer
Au-delà de la beauté des modèles, cette visite a été pour moi une source d’inspiration. Les différentes broderies, les techniques utilisées, les matières associées de façon surprenante, ou encore les jeux de volumes et de couleurs sont autant d’idées que l’on peut réinterpréter dans nos projets de couture. Même sans viser la haute couture, il suffit parfois d’un détail — un point décoratif sur un accessoire, un mélange de tissus inhabituels — pour donner une dimension unique à une création.
C’est une des raisons pour laquelle j’aime coudre : c’est un réel plaisir de voir le projet se construire en partant d’une idée imaginée, que l’on transforme parfois au fil de la confection, jusqu’à pouvoir porter le vêtement que l’on a créé.
Robe de Viktor Horsting et Rolf Snoeren pour Viktor&Rolf (2021-2022), en brocart et cristaux Swarovski
Quand la couture devient une œuvre
« Louvre Couture » n’était pas qu’une exposition de mode. C’était un parcours où les vêtements prenaient une dimension artistique à part entière. Le musée et les modèles exposés, 2 domaines d’art totalement différents ainsi réunis, ont montré qu’ils pouvaient se compléter et élargir les possibilités de création.
En quittant le musée, j’ai eu la sensation d’avoir découvert un univers où chaque modèle racontait une histoire singulière. Et surtout, je suis repartie avec l’envie d’oser davantage dans mes propres projets couture, en gardant en tête que ce sont les détails qui font toute la différence.
Veste en velours de soie orné de 2 camées sur pantalon de laine, Yves Saint Laurent (1984-1985)
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